Le Bedouk m’a offert la semaine dernière, grâce à l’invitation de Julien Carlier et Vincent Roux de MPI France-Suisse, l’opportunité de participer à une table ronde sur le thème des potentiels des médias sociaux pour l’industrie du tourisme d’affaire. Cette expérience, très riche, m’amène à reposer la question de l’adaptation du discours.

Le Bedouk, was ist das ?

Bedouk, c’est LE salon des professionnels français de l’évènementiel. Pour respecter la terminologie, je précise qu’on devrait parler du Salon Bedouk, puisque Bedouk est avant tout une marque éditrice de guides, magazines, annuaires, consacrés au petit monde du tourisme d’affaires. Mais ceux qui assistent chaque année à cette belle manifestation « vont au Bedouk », alors let’s go Bedouk !

Bedouk, salon de l'événementiel

Bedouk, wazat ?

Je n’ai pas la moindre idée de l’origine de ce nom pour le moins sibyllin. Si le Bedouk était tout jeune, j’attribuerais ce choix à des contraintes de référencement naturel. Ce n’est pas le cas, le Bedouk est né bien avant le SEO (le salon Bedouk date de 1999). Si quelqu’un connait la réponse, qu’il n’hésite pas à l’indiquer en commentaire, je suis preneur. Quoi qu’il en soit, voici quelques chiffres :

  • Participants Bedouk : 7500
  • Exposants Bedouk : 500

On y retrouve grosso-modo tout ce qui se fait dans l’événementiel : des grands et des petits noms du réceptif, des prestataires en animation séminaire comme notre client Cinéréa, des professionnels des technologies liées à l’événement, des agences, etc.

Le Bedouk ou la réminiscence d’une vie passée

Le Bedouk, j’en ai pas mal entendu parler dans mon ancienne vie, celle d’organisateur de congrès. J’ai quitté cette activité il y a quelques temps maintenant, et je n’ai donc plus entendu parler du Bedouk depuis. Jusqu’en décembre, dernier, « Bedouk » sonnait à mes oreilles comme une mélodie lointaine, celle d’une autre vie.

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque Julien Carlier, CEO de Socialdynamite (une solution de promotion de contenus sur les réseaux sociaux dont vous allez entendre parler) m’a proposé de remettre cette mélodie au goût de mes jours !

Julien et moi avons un parcours assez atypique qui nous relie par sa rareté : nous avons tous deux passé une partie de notre vie dans l’univers très « niche » des PCO (Professional Congress Organiser – ça sonne un peu prétentieux mais appelons un chat un chat : c’est un métier très spécifique, il n’y a pas d’autre façon de le qualifier). Nous avons tous deux quitté ce petit monde pour nous lancer dans la grande aventure du web et des réseaux sociaux.

Plongeon dans le Bedouk, retour au présent

Julien, lui, ne l’a pas totalement quitté puisqu’il est aujourd’hui un membre actif de l’association MPI France Suisse (retrouvez MPI sur Facebook), qui regroupe en son sein nombre d’acteurs de l’évènementiel. C’est en cette qualité qu’il m’appelle donc en décembre pour me dire :

Guillaume, j’organise au Bedouk une table-ronde MPI à propos des nouveaux environnements technologiques liés aux événements. Tu connais bien le secteur de l’évènementiel, tu connais bien les réseaux sociaux, je pense que tu peux apporter une vraie valeur ajoutée

Passé le temps de la surprise et de l’hésitation  (je ne suis pas du style qui se flatte, mais plutôt qui se demande s’il va être à la hauteur), nous voilà entrant de plain-pied dans une discussion assez passionnée, dont il ressort en gros que la « meeting industry » observe encore à l’heure actuelle les réseaux sociaux avec beaucoup d’appréhension, peu de conviction et très peu d’investissement.

La question que nous nous sommes donc posée est la suivante :

Pourquoi les acteurs de l’évènementiel français rechignent-ils tant à adopter la voie (la voix ?) des médias sociaux ?

Réflexion sur l’axe « réseaux sociaux » pour le public du Bedouk

Répondre à la question de l’inutilité présumée des réseaux sociaux

Une hypothèse de réponse (parmi d’autres) : ils n’en voient pas l’intérêt.

Cette phrase contient en elle-même le sujet que nous avons décidé de traiter. Elle ne dit pas que les médias sociaux ne représentent aucun intérêt pour les évènements, elle dit que les organisateurs d’évènements ne le « voient » pas, ne l’intègrent pas dans leur logique. A nous donc de leur « faire voir ».

L’enjeu d’une table ronde qui s’adresse au public du Bedouk « à priori » réfractaire (rien de péjoratif dans cette qualification) à l’univers 2.0 réside dans une « parole d’évangélisation », qui s’attache à convaincre de l’énorme « petit plus » des réseaux sociaux.

Pas question, donc, de parler technique (c’est pourtant pas l’envie qui manque quand on est passionné) : la démonstration par l’outil ne vient qu’une fois le principe même de l’intégration sociale adopté.

Retour sur les fondamentaux de l’évènementiel

Je reprends le slogan d’un des grands acteurs de l’organisation de congrès :

building community.

La question de savoir qui construit réellement une communauté peut être discutée, mais je fais référence à ce slogan surtout parce qu’il pointe exactement le cœur de l’activité évènementielle, ce autour de quoi l’évènement s’articule : la communauté. On est tout de même étonnamment proche du cœur de l’activité développée sur les réseaux sociaux !

C’est sur cette idée que Julien et moi nous sommes appuyés pour tenter de montrer de façon simple et pragmatique au public non-initié du Bedouk ce que les médias sociaux pouvaient apporter de plus à leurs évènements et pourquoi, dans une logique de stratégie business, ils auraient tout avantage à s’initier :

  • Le lien
  • L’engagement
  • La raisonnance (avant, pendant, après)
  • La visibilité
  • L’image
  • Le crowdsourcing
  • Etc.

Les chevaliers de la table-ronde

La table ronde s’est déroulée en présence de :

  • Vincent Roux, Président, MPI France-Suisse. Vincent a eu la gentillesse d’animer le débat.
  • Kim Demail, Global etouches champion, Schlumberger
  • Cathy Nicolas, Responsable développement, Open Slide & Services
  • Philippe Cristini, Senior Director, Program Management, CWT Meetings & Events EMEA
  • Richad Mitha, CEO, myQaa
  • Julien Carlier, CEO, Social Dynamite
  • … Et moi, CEO de moi-même.

J’espère en récupérer la vidéo, mais il semble que le Bedouk soit assez jaloux de ses droits sur les contenus des conférences. Ceci-dit, les personnes qui connaissent Julien Carlier savent qu’il possède un talent de persuasion assez efficace. J’ai donc bon espoir de pouvoir intégrer le lien dans cet article.

Pourquoi je vous parle du Bedouk ? Pourquoi j’en parle si longuement ?

Extension du domaine du Bedouk

Au-delà des raisons personnelles qui touchent pour moi au symbole contenu dans cette intervention au Bedouk (le lien entre deux vies professionnelles), il me semble que la réflexion sur l’angle d’attaque de la conférence est commune à tous les acteurs du web. Elle aborde le gouffre que l’on rencontre souvent entre le monde dans lequel nous vivons et celui des autres.

Nous parlons KLOUT, SMO, SMM, SEM, SEA, SEO, KW, PR, RT….  Mes parents ne comprennent pas de quoi je parle, mes amis ne comprennent pas de quoi je parle, ma femme… ne m’écoute plus depuis longtemps.

Bref. Si nos proches ne comprennent rien à notre charabia « digitalo-révolutionnaire », qu’en est-il de nos clients, de nos prospects, qu’en est-il de la population à qui nous destinons nos prestations ? Cette question est fondamentale, elle touche à ce que nous appelons un peu pompeusement la démarche d’évangélisation : tout le monde sait qu’il faut le faire, mais en pratique, la profession reste très accrochée à ses propres codes et s’adresse bien souvent plus à ses membres qu’à ses cibles.

Inadaptation du langage et inconfort de nos cibles

J’espère ne pas sembler condescendant dans mon propos : n’importe quel professionnel de n’importe quelle profession parle un langage imbitable pour quiconque n’ « en est pas ». Mon propos est de dire que notre métier a aujourd’hui la spécificité de concerner tout le monde et se doit par conséquent d’adapter son langage et ses codes pour être entendu.

Le Bedouk m’a donné l’occasion de m’adresser non pas à un client (qui réagit et impose l’adaptation du discours) mais à un public à qui l’on doit offrir un contenu relativement « fixe ». Cette occasion impose de fait une réflexion anticipative sur les attentes des interlocuteurs, sur le langage qu’il convient d’adopter.

Nous sommes des garagistes. Notre rôle n’est pas de noyer nos clients dans un flux d’informations techniques sur le fonctionnement de la durite, mais de leur expliquer à quoi va leur servir une voiture. Je pousse le trait de façon volontairement caricaturale, mais j’aime assez l’analogie car elle illustre la situation de façon concrète et proche de la réalité : on ne comprend rien à ce que nous racontons, on a besoin de nous, et on est donc bien obligé de nous faire confiance.

L'inconfort face aux métiers du web

L’inconfort face aux métiers du web

Trois motifs évidents d’inconfort, trois pistes à creuser pour expliquer la méfiance que l’on rencontre parfois dans nos rapports clients.

Un grand merci à Julien Carlier (@juliencarlier) pour son invitation au Bedouk.